Le dur labeur du développeur

Le spleen du développeur

C'est une bonne situation, ça, développeur ?

TL;DR : c'est plus délicat qu'il n'y paraît

Sous la machine, la plage

On a tous un voisin développeur - celui là-bas, dont, à 13h en pyjama, on ne sait si sa journée commence ou vient de se terminer. Horaires flexibles, salaires agréables, courtisés par les grandes entreprises : si tu lui parles sur le palier, sur le papier son taf a tout pour plaire. Tu envies ses dernières vacances en côte d’azure - qui n'étaient pas des vacances, mais du télétravail. Rangé au placard le mythe du sweat à capuche, le développeur a souvent la trentaine, sportif et svelte, et a au moins deux fois frôlé d’être millionnaire, une fois par les cryptomonnaies, une autre si, plus ténébreux, il avait mis cap sur le piratage informatique.

La crise du langage

Oui, mais voilà, développeur, il n’envisage pas de le rester longtemps. Rien que l’an dernier, par trois fois, il a changé d’entreprise. Certes, le cliché du geek est démodé, mais on le croirait désormais traîner un spleen existentiel, une humeur vaguement désabusée. Est-ce à dire que le monde rigoureux et abstrait du développement l’a rendu las d’un quotidien incertain et instable ? Sans doute non et de fait, dans la même journée, il est tantôt mousquetaire luttant contre une cyberattaque, tantôt architecte aux fines arabesques, tantôt colosse trébuchant d’un séisme : non, la stabilité et la monotonie ne sont pourtant pas son lot quotidien. Mais, disons plutôt que l’hermétisme du code impose au développeur une sorte d’exil. Seul à parler cette langue secrète et interdite en public, il habite alors en une prison dorée. On le juge vite incompréhensible et mauvais communicant. Pareil au gardien d’un temple précieux, on lui refuse en retour l’accès au langage naturel. Aussi, l’on voit souvent le développeur recevoir un cahier des charges, une liste de fonctionnalités, des tickets jira prêts-à-développer. Et son regard se perd dans les méandres de tâches appliquées et incomplètes.

Exil et défi

À ce jeu, développeur est un métier muet et aliénant. Or, précisément du fait des conditions matérielles favorables, on peut souhaiter inverser les choses, rétablir du sens et du défi. Surtout si l’on met en exergue la qualité et l’imagination des outils que les développeurs fabriquent à leur propre destination - opentelemetry, datadog, kubernetes, webcapsule - où règnent intelligence et virtuosité : gageons que cet état d'esprit ne ferait pas moins bien ailleurs.

Il faut, pour cela, affirmer que développeur n’est pas et ne doit pas être simplement un métier technique.